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Famille : Révèlations poètiques.
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Sujet : Alda merini ou l'âme sans cage(par epsilon)
-grimalkin- |
Date du message : septembre 7, 2012 03:59 |
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MA POÉSIE EST VIVE COMME LE FEU Ma poésie est vive comme le feu, elle glisse entre mes doigts comme un rosaire. Je ne prie pas, car je suis un poète de la disgrâce qui tait parfois le travail d’une naissance d’entre les heures, je suis le poète qui crie et joue avec ses cris, je suis le poète qui chante et ne trouve pas ses mots, je suis la paille sèche où vient battre le son, je suis la berceuse qui fait pleurer les enfants, je suis la vanité qui se laisse chuter, le manteau de métal d’une longue prière d’un vieux deuil du passé et qui est sans lumière. Alda Merini, La volpe e il sipario, Girardi, 1997, in Po&sie 109, 30 ans de poésie italienne, 1, Éditions Belin, 2004, page 229. Traduction de Martin Rueff. LE TEXTE QUI SUIT EST UN COPIER-COLLER TROUVE SUR LE SITE http://progettogeum.org/wp- content/uploads/2008/12/alda-merini-ultimogennaio-20091.doc.QUE JE REMERCIE ET AUQUEL JE RENVOIE! ALDA MERINI OU L’ÂME SANS CAGE « Je suis née le vintg-et-un au printemps / mais je ne savais pas que naître folle, / ouvrir les mottes / pouvait déchaîner la tempête ». Ce ne sont pas les premiers vers d’Alda Merini dont on fait remonter l’écriture à l’âge de quinze ans. On peut cependant les considérer emblématiques de sa manière de se présenter au monde, de le défier, de « s’offrir » à lui. Non pas dans l’intention d’épater le lecteur ou à cause de ce prétendu apaisement mental que produirait l’écriture, à qui elle affirme d’ailleurs préférer la musique : « Je voudrais ne plus écrire / ne plus dire un mot / mais l’écriture est comme un grillon / qui chante dans ma tête… ». Non, ce n’est pas du côté du poème-consolation qu’il faut chercher la fibre d’Alda Merini. Ce qui allume sa pensée, ce n’est que la volonté de décrire ce qu’elle voit, sauf que ce qu’elle voit s’avère « très loin de la réalité, et bien inférieur à celle-ci, la plupart du temps ». Mais avant d’entrer de plain-pied dans le noyau de l’œuvre, on ne peut s’exempter de s’aventurer dans une biographie qui devient partie intégrante de ses poèmes (chaque poème est une histoire), tout comme on ne pourrait parler de l’œuvre d’Artaud, de Bataille ou de Michaux, sans donner quelques indices sur les tourments existentiels qui les ont amenés à cette écriture-là. Alda Merini (presque un demi-siècle de poésie !) est ce qu’on appelle en Italie à tort ou à raison, « un caso », un cas, qui malgré tout ce qu’on peut imaginer sur les légendes autour de sa souffrance mentale, malgré les épreuves, n’a jamais démenti son destin de poète. Elle naît à Milan le 21 mars 1931, d’une mère « totalement hermétique à la culture », d’un père employé dans une assurance. Dès adolescence elle s’ouvre à l’art (le piano), mais bientôt une dépression s’installe (ce qui n’empêche pas une formidable boulimie de lecture). Arrive une cécité « hystérique » qui durera trois ans. En 1953 elle épouse le propriétaire de plusieurs boulangeries à Milan, Ettore Carniti, qui décèdera en 1981. Des événements comme la mort de son père et de sa mère ou la naissance de sa première fille (1955) la fragilisent. Commence alors une descente aux enfers des lieux d’internement ; séjours brefs, d’abord, puis toujours plus longs. Ils laisseront une blessure qui ne se refermera jamais vraiment. Mais lorsque la maladie lui laisse du répit, dans les nombreux moments de lumière, elle cultive de solides et importantes amitiés dont certaines sont des amitiés de jeunesse. Des amours surgissent aussi, passionnées, violentes, comme avec les poètes Giorgio Manganelli (« Maître d’une époque entière »), Salvatore Quasimodo (celui qui devait devenir prix Nobel de littérature) ou Michele Pierri (son second mari). Parmi les nombreux amis qui l’ont encouragée et ont contribué à sa formation, on ne peut oublier Pasolini, Spagnoletti, Maria Corti, Montale, Spaziani, Davide Turoldo, Luciano Erba, Raboni. Son « Diario » (journal intime et poétique édité par Manni) nous fait connaître de façon très aiguë et souvent drôle, noblesse et la fragilité de la vie intellectuelle milanaise (et pas seulement milanaise) de l’après- guerre jusqu’à nos jours : « Pasolini avait un caractère horrible, pas sympathique, ennuyeux, mais doté d’une solide détermination. Je lui faisais éclater des pétards sous les pieds. J’avais quinze ans, sans doute l’ai-je aimé, et c’est à lui que je dois cette définition de “ gamine milanaise ” qui m’a peut- être ouvert les portes du succès ». Spagnoletti publie en 1950 ses premiers poèmes (« Le bossu » et « Lumière ») dans l’anthologie Poesia Italiana Contemporanea, 1909-1949 d’où émerge la voix mystique et irrépressible déjà chargée de toutes « les eaux grises » du monde et prémonitoire de l’étrange destin qui devait la frapper. En 1955, lorsque naît sa première fille, elle dédie à son pédiatre le recueil Tu sei Pietro (Scheiwiller) suivi d’un long silence de vingt ans. Un silence du « pays de l’oubli / où le jugement des autres n’a pas d’importance ». Mais, justement, dans « la morte parenthèse », se sédimentait le retour à la parole et à la vie. Ce n’est qu’en 1979 qu’elle rompt définitivement le silence et commence à travailler à La Terra Santa, un recueil qui entre de plein fouet dans l’effroyable expérience de la folie et de l’internement (prix Librex Montale, 1993). Ce recueil d’une intensité lyrique foudroyante, frappe par cette sorte d’attitude stoïque devant les démons qui hantent son cerveau mais qu’elle combat par une attitude d’éternelle amoureuse de l’amour et de la vie, comme une grande tragédienne grecque face à la beauté de son âme. Quoique souvent au comble de la douleur, Merini devient soudain admirable et puissante par la force de la parole, de l’amour charnel ou spirituel (amour de Dieu qui subira, d’ailleurs, bien des variantes au fil du temps mais qui restera central dans sa poésie, même dans l’impression d’abandon, même dans l’invective). Les « Maestri » de la critique *****ysent, sectionnent, applaudissent les nouvelles évolutions de la poésie merinienne. Ce sont des poèmes orphiques, érotiques, ironiques, religieux ou terriblement païens (qui est Dieu, qui est l’amant ?), des vers de rage et d’oxymores (« je te nomme de façon ténébreusement lumineuse ») parfois jugés « maniérés » ou de « repliés sur soi » par quelques détracteurs. On pourrait parler d’une sorte de « mise en péril » permanente à travers l’écriture, d’une autodérision à la puissance désarmante non dépourvue d’accents féministes à l’occasion (bien que Merini n’utilise jamais le mot féminisme), et s’il est vrai qu’elle utilise souvent le « je », ce « je » si aigu fait sans doute appel à une manière de vivre « l’autre » à travers soi et d’y trouver une sorte de compassion. Le poète Raboni, parle de : « fluidité et immensité du don, félicité spontanée et facilité de la source » ainsi que d’une « obscure douleur, comme si un obstacle forçait de l’intérieur, dans la menace d’un geste qui s’interrompt… ». Maria Corti, l’amie précieuse, l’exégète, décrit l’écriture de Merini comme « force de la nature » et fait remarquer la « constance du processus menant du réel au visionnaire qui en confirme l’authenticité ». Ces dernières années, Merini toujours à mi-chemin entre douleur et joie explosive, n’a pas perdu sa ferveur intellectuelle (« plus belle que mes poèmes a été ma vie »). Elle dicte ses vers, ses pensées, au téléphone à ses amis et à ses proches, à toute heure du jour et de la nuit, comme quelqu’un qui n’aurait jamais quitté la fournaise des sens et qui doit se donner sans attendre lorsque ces derniers s’éveillent. « Le poète est fatigué », écrit-elle entre deux éclaircies. Mais vivre en révolte ressemble parfois à vivre en prière, et c’est en 2002 qu’elle nous réserve un Magnificat (Frassinelli) dédié à la Vierge Marie et en 2007 Francesco – Canto di una creatura (Frassinelli) où elle prend le point de vue de saint François d’Assise (l’image du « Poverello » d’Assise et celle de Merini se superposent étrangement), et l’on en revient à sa cohérence puisqu’elle a depuis toujours affirmé que le poète se doit avant tout d’être humble. C’est dans un livret d’une précieuse édition, Dopo tutto anche tu (San Marco dei Giustiniani, 2003), contenant des propos et des poèmes recueillis par un ami psychiatre et poète Angelo Guarnieri, qu’on trouve l’une des clés de son tempérament : Guarnieri, demandant conseil pour une introduction au livre qu’il prépare sur elle, Merini-l’espiègle lui « dicte » ce qu’il devrait écrire. Cela, évidemment, donne lieu à une sorte de scherzo, de blague. « Écris donc ! » ordonne- t-elle, à son ami : « Parler de poésie avec Alda Merini n’est pas facile ». On pourrait présumer qu’en inversant le discours, le rapport d’Alda Merini avec la poésie n’a justement pas été facile puisqu’elle versifie : « sortons de cette vie sans les mots ». Expérience inoubliable que celle d’écouter la poète lorsqu’elle « dit », de son ton monocorde et lancinant qui sait émouvoir et séduire comme quelqu’un qui reviendrait de loin. On a l’impression qu’une ombre passe. Une ombre où, au fond, chacun se reconnaît. Parmi les récompenses obtenues par Alda Merini, nous ne citerons que le Prix Librex-Guggenheim « Eugenio Montale » (en 1993) précédemment remporté par Caproni, Bertolucci, Luzi, Zanzotto, Fortini. C’est la plus importante consécration italienne concernant les poètes contemporains. En 2001, le Pen Club Italiano a posé sa candidature au prix Nobel pour la Poésie. Viviane Ciampi ************************************ Les plus beaux poèmes s’écrivent sur les pierres genoux écorchés, esprit aiguisé par le mystère. Les plus beaux poèmes s’écrivent devant un autel vide, encerclés par des agents de la divine folie. Ainsi, fou criminel que tu es tu dictes des vers à l’humanité, vers de la rescousse et prophéties bibliques tu es frère de Jonas. Mais dans la Terre Promise où germent les pommes d’or et l’arbre de la connaissance Dieu n’est jamais descendu ni ne t’a jamais maudit. Toi si, tu maudis heure par heure ton chant car te voilà descendu dans les limbes où tu respires l’absinthe d’une survie refusée. Le più belle poesie si scrivono sopra le pietre coi ginocchi piagati e le menti aguzzate dal mistero. Le più belle poesie si scrivono davanti a un altare vuoto, accerchiati da agenti della divina follia. Così, pazzo criminale qual sei tu detti versi all’umanità, i versi della riscossa e le bibliche profezie e sei fratello a Giona. Ma nella Terra Promessa dove germinano i pomi d’oro e l’albero della conoscenza Dio non è mai disceso né ti ha mai maledetto. Ma tu sì, maledici ora per ora il tuo canto perché sei sceso nel limbo, dove aspiri l’assenzio di una sopravvivenza negata. * Terminé enfin cet enfer, depuis longtemps déjà, désormais c’est printemps : l’ordre juste du sommeil remonte le long de mes chevilles frappe ma tête comme un tonnerre. Enfin la paix, mes flancs et mon esprit vaincus, et moi qui repose précise sur les pentes de mon destin du moins pour cette heure qui me sépare de l’infâme aurore. Cessato è finalmente questo inferno, già da gran tempo, ormai la primavera: l’indole giusta del sonno mi risale le caviglie mi colpisce la testa come un tuono. Finalmente la pace, i miei fianchi e la mia mente vinta, ed io riposo giusta sui declivi della mia sorte almeno per quell’ora che mi divide dall’infame aurora. La terra santa, Scheiwiller, 1984 * J’ai trouvé mon instant précis, délire de paix, petit oiseau silencieux que je tiens entre mes mains blessées. J’ai les stigmates, depuis toujours, du moins depuis que j’ai péché contre le dur destin par un moment d’amour. Adieu adieu mon cloître, mon exacte demeure je te quitterai pour les arbres pour les genêts et les fleurs, mais ton tombeau terrestre je le porterai en mon sein, mes turgescentes mamelles qui toujours allaitent les anges depuis que je fus conçue. Ho trovato il mio momento preciso, delirio di pace, piccolo silenzioso uccello che ho nelle mani ferite. Ho le stigmate e da sempre, da quando cioè ho peccato contro la dura sorte con un momento d’amore. Addio addio mio chiostro, mia dimora precisa, ti lascerò per gli alberi per le ginestre e i fiori, ma il tuo avello terreno lo porterò nel mio grembo, dentro le mie turgide mammelle che sempre allattarono gli angeli da quando io fui generata. * Folie, ma grande jeune ennemie, il fut un temps où je te portais comme un voile sur les yeux, me découvrant à peine. je me suis vue dans le lointain ta cible, et tu m’as prise pour ta muse ; lorsqu’est venue cette chute de dents qui m’endolorit encore parmi les dépouilles, tu as acheté cette pomme de l’avenir et m’as donné le fruit de ton parfum. Follia, mia grande giovane nemica, un tempo ti portavo come un velo sopra i miei occhi e mi scoprivo appena. Mi vide in lontananza il tuo bersaglio e hai pensato che fossi la tua musa; quando mi venne quel calar di denti che ancora mi addolora tra le spoglie, comprasti quella mela del futuro per darmi il frutto della tua fragranza. Vuoto d’amore, Einaudi, 1991 * Moi comme vous j’ai été surprise alors que je dérobais la vie, évincée par mon désir d’amour. Moi comme vous je n’ai pas été écoutée et j’ai vu les barreaux du silence grandir autour de moi et m’arracher les cheveux. Moi comme vous j’ai pleuré, j’ai ri, j’ai espéré. Moi comme vous j’ai senti qu’on m’enlevait les vêtements et quand on m’a donné dans la main de la honte j’ai mangé la honte chaque jour. Moi comme vous j’ai secouru l’ennemi, j’ai eu foi en mes pauvres chiffons et j’ai demandé ce qu’est le Seigneur, puis à l’idée de son existence, j’ai puisé la force pour sentir le martyre voler autour de moi comme une colombe vive. Moi comme vous j’ai consumé l’amour en solitaire loin de tout et même du Christ ressuscité. Mais moi comme vous je suis revenue à la science de la douleur de l’homme, qui est ma science. Io come voi sono stata sorpresa mentre rubavo la vita, buttata fuori dal mio desiderio d’amore. Io come voi non sono stata ascoltata e ho visto le sbarre del silenzio crescermi intorno e strapparmi i capelli. Io come voi ho pianto, ho riso e ho sperato. Io come voi mi sono sentita togliere i vestiti di dosso e quando mi hanno dato in mano la mia vergogna ho mangiato vergogna ogni giorno. Io come voi ho soccorso il nemico, ho avuto fede nei miei poveri panni e ho domandato che cosa sia il Signore, poi dall’idea della sua esistenza ho tratto forza per sentire il martirio volarmi intorno come colomba viva. Io come voi ho consumato l’amore da sola lontana persino dal Cristo risorto. Ma io come voi sono tornata alla scienza del dolore dell’uomo, che è la scienza mia. Ballate non pagate, Einaudi, 1998 * Sur l’amande d’un abricot sur la première pensée qui me vient à l’esprit je pose l’orteil de la raison pour toucher tes pieds éternels. Sulla noce di un’albicocca sul primo pensiero che mi salta in mente fondo l’alluce della ragione per toccare i tuoi piedi eterni. * La chose la plus magnifique est la nuit quand tombent les dernières épouvantes et que l’âme se lance à l’aventure. Lui se tait en ton sein comme résorbé par le sang qui prend enfin la couleur de Dieu et toi tu pries pour qu’il se taise à jamais pour ne pas l’entendre telle une plénitude fixe jusqu’à l’intérieur des murs. La cosa più superba è la notte quando cadono gli ultimi spaventi e l’anima si getta all’avventura. Lui tace nel tuo grembo come riassorbito dal sangue che finalmente si colora di Dio e tu preghi che taccia per sempre per non sentirlo come un rigoglio fisso fin dentro le pareti. * Ô destin, destin de poètes pleins de flux de joie qui avez le pain de l’idée dans les cheveux qui savez dire des choses jamais commencées. Ô cris de billets de banque dans la pensée de cet homme qui triche sur ton compte sans le montrer et avec pureté des cils déchire le voile de ses belles chansons. O destino, destino di poeti pieni di flutti gioiosi che avete il pane dell’idea nei capelli che sapete dire cose mai cominciate. O urla di banconote nella mente di quell’uomo che bara sul tuo conto senza darlo a vedere e col ciglio puro strappa il velo delle sue belle canzoni. * à E.C. La nuit si elle n’est pas rapide n’arrive pas à couvrir le rêve à temps. Lanternes sont mes yeux et toi le souffle qui les embue. Tu dors sur le cœur de tous ô petit asphodèle et à peine les ongles auront-ils éraflé le givre de l’hiver que tu redeviendras renoncule repue me rendre heureuse. Avides tes coupes d’ivoire avides les testicules du désir et les doigts remplis de prunes incrustent les vastes odeurs. a E.C. La notte se non è rapida non fa in tempo a coprire il sogno. Lanterne sono i miei occhi e tu il fiato che le appanna. Dormi sul cuore di tutti o piccolo asfodelo e non appena le unghie avranno scalfito il gelo dell’inverno tornerai tu ranuncolo pieno a rendermi felice. Avide le tue coppe di avorio avidi i testicoli del desiderio e le dita piene di prugne ingemmano i vasti odori. * Nus sont les doigts de la mort pleins de rides coquines et la vengeance fleurit sur le front de ton indomptable voisine. Comme elle m’est chère cette ombre qui gémit et réclame si peu de chair sans compter mes poèmes qu’elle tarit. Elle exhale sur l’anneau du prodige celui du mariage annoncé par la vie le jour de Pâques. Sono spoglie le dita della morte sono piene di rughe maliziose e la vendetta nasce sulla fronte di questa tua indomabile vicina. Come mi è cara quest’ombra che geme volendo un po’ di carne solamente oltre ai miei carmi che essa prosciuga. Ansima sull’anello del prodigio quello sponsale fatto dalla vita nel giorno della Pasqua. Superba è la notte, Einaudi, 2003 * Mon récit de foi n’est pas un récit ni non plus un souffle humain : tu me parles par sa bouche à lui je syllabe une charade que je ne sais comprendre. Je suis François, celui qui, bercé par Dieu, soigne ses draps sales d’obscurs diamants. Il mio racconto di fede non è un racconto e neanche un respiro umano: tu mi parli per bocca di lui io sillabo una sciarada che non so capire. Sono Francesco, colui che, cullato da Dio, medica le sue lenzuola sporche di oscuri diamanti. * Le plus bel instant de ma vie c’est, Seigneur, quand je parviens à sortir de mon corps. En vérité, ce n’est pas moi qui sort moi qui ne laisserait jamais cet infâme grabat à personne. C’est un grabat de mort, je le sais, mais c’est le premier habit que m’ont cousu sur mesure mon père, ma mère et la déesse nature. J’ai aimé cet infernal grabat plein de confusion, mais tu m’appelles de temps à autre et je monte jusqu’à toi et je regarde en bas ce pauvre pantin bien vêtu que j’ai été si longtemps. Tu as une voix puissante qui a un écho universel. Il momento più bello della mia vita è quando, Signore, riesco a uscire dal corpo. Veramente non sono io che esco che non lascerei mai questo giaciglio di infamia a nessuno. È un giaciglio di morte, lo so, ma è il primo vestito che mi hanno cucito addosso mio padre, mia madre e la dea natura. Io ho amato questo giaciglio infernale, pieno di confusione, ma poi tu ogni tanto mi chiami e io salgo fino a te e guardo per terra quel povero burattino ben vestito che sono stato per tanti anni. Hai una voce poderosa che ha un’eco universale. Francesco Canto di una creatura, Frassinelli, 2007 NdT : ces deux dernier poèmes ont été dictés au téléphone à l’éditeur Arnoldo Mosca Mondadori Traduit par Viviane Ciampi ****** Epsilon mai 11, 2009 Alda MERINI poète Naît en 1931, à Milan. Elle est l’une des figures de proue de la poésie contemporaine italienne. Elle commence à écrire à seize ans. Ses premiers poèmes sont publiés dans l’Anthologie de la poésie italienne 1909-1949, en 1950 et dans l’Anthologie de la poésie italienne de l’après-guerre, en 1958. Son premier internement en hôpital psychiatrique date de 1965. Il durera sept ans. Suivront dramatiquement vingt ans de silence, interrompus avec La terre sainte, Prix Cittadella pour la poésie en 1985. Son deuxième internement date de 1984. Il durera quatre ans. Elle se remet à publier en 1988. A partir de 1997, elle recommence à écrire de la prose. Sa bibliographie est vaste, elle a écrit plus de vingt recueils de poèmes et une dizaine de textes en prose. Tous ont été publiés. Lui ont été attribués de nombreux prix de poésie : Librex-Guggenheim, Eugenio Montale (1993) ; Viareggio (1998) ; Procida, Elsa Morante (1997) ; Prix de la Présidence des Ministres, section poésie (1999). Des auteurs ont écrit son histoire: Salvatore Quasimodo, Pier Paolo Pasolini, Maria Corti, Carlo Betocchi, Giorgio Manganelli et Giovanni Raboni. Merci a http://www.lafanfareminable.eu/Pages/FR/Productions/Aurore/Textes.html *************** Epsilon mai 11, 2009 La parole d'Alda Merini * Extraits du texte de Aurore corrosive Les poèmes de Alda Merini ont été traduits en français par Jean-Paul Manganaro Alda Merini (de Vuoto d’amore, La Gazza ladra – Venti ritratti) J’ai aimé tendrement de très doux amants sans que jamais ils n’en sachent rien. Et sur eux j’ai tissé des toiles d’araignée et je fus la proie de ma propre matière. Il y avait en moi l’âme de la catin de la sainte de la sanguinaire et de l’hypocrite. Beaucoup ont donné un nom à ma façon de vivre et je fus seulement une hystérique. Je suis née le vingt-et-un au printemps (de Vuoto d’amore, Il volume del canto) Je suis née le vingt-et-un au printemps mais je ne savais pas que naître folle, ouvrir les mottes pouvait déchaîner la tempête. Ainsi Proserpine légère voit pleuvoir sur les herbes, sur les gros épis gentils et pleure toujours le soir. C’est peut-être sa prière. Quand je suis entrée (da Vuoto d’amore, La Terra Santa) Quand je suis entrée trois yeux m’ont recueillie à l’intérieur de leurs sphères, trois yeux durs devenus fous de malades déments : j’ai alors perdu tous mes sens j’ai compris que ce lac bleu n’était qu’étang bourbeux de déchets broyés où j’allais me noyer. Là-bas où les dam-nés mouraient (de Vuoto d’amore, La Terra Santa) Là-bas où les dam-nés mouraient dans l’enfer décadent et fou dans l’asile infini, où les membres engourdis s’enveloppaient dans le lin comme un suaire sémite, là-bas où les ombres du trépas léchaient tes pieds nus sortis de sous les draps, et des bandelettes brûlantes sillonnaient tes poignets ainsi que tes mains, et tu sentais les fèces, là-bas, dans l’asile il était facile de s’envoler toucher le paradis. Tu le faisais l’esprit en feu, les mains molles de sueur, le pénis dressé en l’air comme une obscénité pour Dieu, là-bas dans l’asile où les hurlements étaient affaiblis par les coussins sanguinaires là-bas tu voyais Dieu je ne sais pas, dans les idées translucides de ta grande folie. Dieu t’apparaissait et ton corps s’émiettait en des miettes blondes et odorantes que descendaient dévaster des essaims d’hirondelles soudaines. De l’espace, de l’espace je veux, tant d’espace (de Vuoto d’amore, Il Volume del canto) De l’espace, de l’espace je veux, tant d’espace pour très doucement bouger et blessée ; je veux de l’espace pour chanter et grandir errer et sauter le fossé de la sagesse divine. De l’espace, donnez-moi de l’espace pour que je lance un cri inhumain, ce hurlement de silence dans les ans que j’ai touché de ma main. * Avec l’aimable autorisation des éditions Libri Scheiwiller et Il Melangolo *** -grimalkin- mai 11, 2009 * poète troublé, poésie troublante...Exploration d'un monde poétique inconnu. * Epsilon mai 12, 2009 ** A la grille se grumèlent les victimes visages nus et parfaits refermés dans l’ignorance, des mains paradoxales serrées à un fer, et dehors le train qui passe ensoleillé léger, un éclat de lumière lumière sur mon flanc offensé. * J’étais un oiseau au blanc ventre gentil, quelqu’un m’a coupé la gorge pour s’y moquer, je ne sais. J’étais un grand albatros et je m’envolais sur les mers. Quelqu’un a arrêté mon voyage, sans aucune charité de son. Mais bien qu’allongée sur le sol je chante maintenant pour toi mes chansons d’amour. Alda Mérini Poèmes traduits de l’italien par Flaviano Pisanelli *** Epsilon juillet 1, 2009 Tu es entrée dans les ombres du sommeil un jour et tu y as reconnu mon visage exsangue aligné aux autres sur l’aire du sacrifice. avec la torche de ton savoir Tu as éclairé les ombres de l’enfer. toi, mère immaculée et triste pour qui les jours ont été comme autant de fils Alda Mérini *** Psychiatrie Grand panorama d’amour Que celui du psychiatre, Où il a une envie folle d’un jour qui ne viendra jamais parce que le jour du poète, si semblable à la folie, ne trouvera pas sa mesure dans l’éthique moderne. Il plane au loin et s’adresse au médecin, qui parfois est son Virgile, pour sortir de l’enfer des sens qu’est la vie. Alda Mérini *** La tromperie A celui qui tombe amoureux hors du temps, hors saison et aussi hors de ses propres mesures, je conseille une dévote anorexie, dévote à soi-même. Et un peu de languissante tristesse pour y pleurer dessus. Les gens n’ont jamais compris combien le mal pouvait faire du bien et que l’ on peut utiliser des rebuts pour faire un beau palais. La fantaisie est là: les épluchures de pomme, les trognons de pomme jetés par Pinocchio peuvent être mangés plus tard, quand il n’y aura plus rien sur la table, pas même la poésie. Alda Mérini *** -grimalkin- juillet 1, 2009 APRÈS TOUT MÊME TOI Après tout même toi que je devrais sentir ennemi et que je pardonne. Tu es seulement un homme qui essaie de comprendre et de ne comprendre personne. Ta générosité est aussi fausse que la mienne. Aucun de nous n'est assez bon pour faire sortir les miracles des vers. Aucun de nous n'est assez pur pour les oublier à jamais. Alda Merini, Après tout même toi/ *** Celyes juillet 4, 2009 Ce recueil de Alda Merini est touchant . Elle nous emmène dans un voyage, son voyage *** Ensevelie dans l’amour de tous, je n’ai plus un souffle de jeunesse. Je voudrais escalader des montagnes énormes, embrasser les murs de ma maison, me sentir sale pleine de boue. Pourtant ici chaque jour Ils prennent soin de moi. Et lentement ça m’éteint. Sepolta dentro l’amore di tutti, non ho più un respiro di giovinezza. Vorrei scalare montagne enormi, baciare i muri della mia casa, sentirmi sporca di fango. Eppure qui ogni giorno hanno cura di me. E questo lentamente mi spegne. *** L’art de la folie La folie est un artisanat. Un puzzle,une ruse du cerveau. Je crois que le fou est très futé, ou seulement opportuniste. La folie est une translation où l’on porte la réalité pour la rendre incandescente. La folie est un état d’excitation et souvent de bien-être L’art de la folie La folie est un artisanat. Un puzzle,une ruse du cerveau. Je crois que le fou est très futé, ou seulement opportuniste. La folie est une translation où l’on porte la réalité pour la rendre incandescente. La folie est un état d’excitation et souvent de bien-être. *** L’arte della follia La follia è un artigianato. Un puzzle, una furbata del cervello. Credo che il folle sia un gran furbo, o solamente un opportunista. La follia è un traslato dove si porta la realtà e la si rende incandescente. La follia è uno stato di eccitazione e spesso di benessere. "Alda Merini traduit en français par Patricia Dao chez Oxybia Editions dans la collection noire et rouge " *** -grimalkin- novembre 13, 2009 La poète italienne Alda Merini est morte ce dimanche 1er novembre à Milan à l'âge de 78 ans. => Article de La Repubblica un grand poète ! *** -grimalkin- juin 7, 2010 UNA PICCOLA APE FURIBONDA. JE SUIS UNE PETITE ABEILLE FURIBONDE. ALDA MERINI *** La pistola che ho puntata alla tempia si chiama Poesia. Le pistolet pointé sur ma tempe s’appelle Poésie. * Il sogno canta su una corda sola. Le rêve chante sur une seule corde. * Non sono una donna addomesticabile Je ne suis pas une femme apprivoisable. * La casa della Poesia non avrà mai porte. La maison de la Poésie n’aura jamais de portes. Alda Mérini * IO AMO PERCHE IL MIO CORPO È SEMPRE IN EVOLUZIONE. SI J’AIME C’EST QUE MON CORPS NE CESSE DE CHANGER. ALDA MERINI Dietro ogni libertà sospirata c’è in agguato una belva. Derrière chaque soupir de liberté se tient en embuscade une bête féroce. * Per farsi salvare la vita bisogna averla. Pour qu’on vous sauve la vie il faut en avoir une. * Il paradiso non mi piace perché verosimilmente non ha ossessioni. Le paradis ne me plait pas, vraisemblablement il manque d’obsessions. Alda Mérini 'Aphorismes et Gri gri, extraits,Milano, Biblioteca Universale Rizzoli *** -grimalkin- mars 7, 2011 Alda Merini (1931-2009) par Valter Ferrero Valter Ferrero, guitariste / traduit de l'italien par Marina Poydenot ..."Ils demandèrent tous comment on fait pour écrire un livre. On s'approche de Dieu et on lui dit: féconde mon esprit, mets-toi en mon coeur et emporte-moi loin des autres, ravis-moi. Ainsi naissent les livres, ainsi naissent les poètes." Ainsi écrivit Alda Merini, qui nous a laissé non de la rhétorique mais le monde le plus pauvre. S'éteint une voix qui a su chanter le mystère insondable de la tendresse de Dieu, avec une puissance et une profondeur qu'ont seuls les grands mystiques. Ses paroles sont comme de la lave surgie à l'improviste d'un cratère inattendu. Elles nous ont surpris, nous chrétiens. J'aimais depuis toujours citer ses paroles, elles me déchiraient le coeur. Puis vint le chant inattendu et prodigieux du "Magnificat", puis "Corpo d'amore", "Poema della Croce", "Cantico dei vangeli", "Francesco"... Alda Merini sera consacrée par tous comme une âme extraordinaire, une des voix les plus élevées dans l'art de chanter l'antique beauté de Dieu... Aujourd'hui elle est devant Lui, là elle demeurera, chantant à gorge déchirée les paroles que j'aurais voulu, de tout moi-même, pouvoir penser... "De toutes parts, bien que tu sois entièrement nu, ou entièrement couvert, ou entièrement fou, je T'ai vu faire l'ascension des collines de mon origine et je ne sais pas, pour vraiment amoureuse que je sois, comment Tu as fait pour me connaître et qui a bien pu Te mettre à l'intérieur de moi. Tu es une feuille, un dessin abstrait, un qui vole comme un aigle, un qui jette des poignées de sel dans mes blessures ouvertes, mais peu importe: c'est toujours le sel de cette mer pleine de coraux, de poissons, peut-être de cadavres, et d'infinis fonds marins. Ce que Tu me dis n'a pas d'importance, aucun des deux n'écoute l'autre, parce que nos appels glissent au fond d'un monde où nous vivons seulement moi et Toi en compagnie d'un amour dont personne jamais ne discutera parce qu'à personne nous n'en avons parlé." de "Corpo d'Amore" Les paroles qu'Alda Merini fait dire à Marie dans un poème de "Magnificat" nous encouragent à vivre dans la lumière de Dieu: "Vous êtes des ombres qui jettent de la lumière, vous êtes des ombres scintillantes, et même dans les nuits les montagnes brillent de votre présence. Vous êtes le volcan de Dieu, vos cendres sont dispersées partout, et vous êtes morts et amour, et vous êtes morts et ressuscités, et vous êtes la mort et la résurrection, mais vous êtes aussi la grande vendange de l'éternel sourire." Alda Merini Merci, Alda petite pauvre, d'avoir proclamé que Dieu est la richesse des pauvres ! 9 décembre 2009 (site En vers libres par Marina Poydenot)
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-grimalkin- |
Date du message : septembre 7, 2012 11:41 |
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extrait de "Délire amoureux" Extraits ____________________________________________________________________________ J’ai été trahie : je ne sais pas par qui. Un jour, un nuage gris tomba sur mon existence. Un nuage sans couleur. Difficile que les hommes puissent remuer le ciel, mais parfois ils se servent des devins pour cela. Par le biais de chaudrons, de serpents et de sorcières je fus envoyée loin de ma vieille patrie, où je ne connus plus rien. Je fus enterrée en psychiatrie. Pour l’honneur, par le pouvoir. Le « diario » fut mon passeport pour une folie dense d’amour et de pauvreté. Je suis pauvre, seule l’obole de mes amis me permet de vivre. Il y a en cela un certain romantisme, mais je reste fondamentalement pauvre, alors que je voudrais avoir mon domaine secret. Si on me trahit, je me cache dans l’enchevêtrement des mots et les mots sont des haies vertes et hautes où se tapissent de nobles faons. L’homme est un cannibale qui veut à tout prix manger ses semblables, après quoi il exhibe avec clameur ses appareils électroniques, ses machines à laver dernier cri, les ordinateurs et tout ce qu’il appelle progrès (et que j’appelle carnage). [p. 42/43] Ça fait maintenant deux ans que je suis malade, exactement deux ans, et c’est moi qui l’ait voulu. Encore une fois j’ai fermé le lourd temple de ma vie. J’ai reculé en me plongeant dans un indéchiffrable inconscient. L’inconscient est riche comme le fond des mers, plein de coraux et d’éponges, de sirènes et de personnages de rêves. Plein de fleurs carnivores. J’habite ici depuis deux ans comme quand j’étais à l’asile psychiatrique. L’asile psychiatrique est une grande caisse de résonance où le délire devient écho. J’ai vécu en asile psychiatrique parfois volontairement. D’autres fois sans le savoir. [p. 83] Alda Merini Traduction Patricia Dao, "Les Carnets d'Eucharis"
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Rechab |
Date du message : décembre 15, 2012 17:15 |
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L'âme dans l'amour L'âme ne ressent pas la douleur La seule douleur qui peut être égalée avec celle de l'âme est son exil, son défaut involontaire. Ce qui peut vraiment ressentir la douleur est l'esprit, l'esprit et le cœur, mais l'âme a un pouvoir surnaturel: Il peut mourir dans la vie, il peut oublier son corps et son esclavage, il ne peut pas perdre de vue la candeur de sa recherche, ce mur d'inquiétude et de culpabilité depuis si longtemps recherché, à se dessécher sans jamais y parvenir. L'âme est donc la fille de rien, mais la fille d'elle-même et la sagesse même , la végétation sublime de Dieu, son bonheur intérieur . - L'anima non sente dolore L'unico dolore che può stare alla pari con l'anima è il suo esilio, la sua involontaria inadempienza. Chi può veramente sentire dolore è la mente, la mente e il cuore; però l'anima ha un potere soprannaturale: può morire in vita, può dimenticarsi del proprio corpo e della propria schiavitù, può perdere di vista il candore della sua ricerca, quel muro di affanno e di colpa che per tanto tempo ha cercato di inaridire senza mai riuscirvi. L'anima quindi sarà figlia di nessuno ma anche figlia di se stessa e anche vegetazione sublime della sapienza di Dio, della sua intima felicità. da "L’anima innamorata", Alda Merini
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-grimalkin- |
Date du message : décembre 17, 2012 04:31 |
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poèmes de "Corpo d'amore", traduits de l'italien par Marina P. 1. Moi qui suis proche de la mort moi qui suis loin de la mort, moi qui ai trouvé un sillon fleuri que j’ai appelé la vie parce que m’a surprise, énormément surprise, que d’une rive à l’autre du désespoir et de la passion il y ait eu un homme appelé Jésus – moi qui l’ai suivi sans jamais parler et qui suis devenue une disciple de l’attente du pleur, je peux te parler de lui. Je le connais : il a rempli mes nuits d'horribles vacarmes, il a caressé mes entrailles, blanchi de stupeur mes cheveux. Il m’a rendue jeune et vieille à mesure des saisons, il m’a faite fleurir et mourir une infinité de fois . Mais je sais qu’il m’aime et je te dirais, même si tu ne crois pas, qu’il s’annonce toujours par une grande fraîcheur dans tous les membres comme si tu recommençais à vivre et voyais le monde pour la première fois. Et cela c’est la foi, et celui-là c’est lui qui te cherche n’importe où même quand tu te caches pour ne pas te faire voir. 2. Personne n’est rendu compte de lui, qui est passé silencieux et inerte au milieu de l’ombre et de la lumière, qui a parcouru la terre dans toutes ses longitudes, qui s’est vêtu de chiffons et ne s’est jamais soucié de sa propre beauté. Personne ne s’est rendu compte qu’autour de lui l’univers le couvrait d’infamie et qu’il y avait une grande coulée de sueur et d’amour, personne ne l’avait vu. Et pourtant tous le suivaient, cherchaient à le toucher, à le comprendre, à savoir quelles étaient ses désobéissances. 3. Jésus, pour ceux qui ont perdu l’esprit et les principes de la raison, pour ceux qui sont oppressés par le dur silence des martyrs, pour ceux qui ne savent pas crier parce que personne ne les écoute, pour ceux qui ne trouvent pas d’autre solution au cri que la parole, pour ceux qui conjurent le monde de ne plus les dévaster, pour ceux qui attendent un signe d’amour ne venant pas, pour ceux qui de façon erronée font mourir la chair pour n'en plus sentir l’âme - en somme, pour ceux qui meurent en ton nom, ouvre les grandes portes du Paradis et fais-leur voir que ta main était fraîche et veloutée, veloutée et fraîche, comme n’importe quelle fleur, et qu’eux, peut-être trop audacieux, n’ont pas compris que le silence était Dieu et se sont senti oppressés par ce silence qui était seulement un nuage de chant. 4. Dans ces cadences fragiles que sont nos journées merveilleuses, faites de très peu de choses, de petits couvents de soupir, ces journées merveilleuses où je nie la présence même de Dieu pour ne pas me sentir obligée de l’aimer - en ces journées je vois le soleil partout mais je ne peux le voir lui qui est l’unique candeur de ma vie. Et puis derrière lui il y a un autre homme plus grand, plus sévère, plus puissant, un homme qui m’indique la guérison de l’âme. Mais je ne crois pas que mon âme soit malade si elle réussit encore à pleurer, à sourire, à franchir les seuils de cette maison. Jésus, tu es vraiment un puissant manteau, tu es une plage illimitée, tu es un pré qui n’a jamais d’agonie, tu es une fleur qui se réveille chaque matin, tu es un chant, tu es mon propre regard. Beaucoup me regardent dans les yeux et demeurent stupéfaits parce qu’ils comprennent que je t‘ai vu, que je t’ai senti, ou que pour le moins quelquefois je t’ai aussi trahi Alda Merini
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Rechab |
Date du message : mai 21, 2015 14:13 |
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ouf -- retrouvé !
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